Debout sur le vent #29 – Chaque fois

iac - 23 septembre 2025

Les récits multiples entendus, partagés, générés, l’effet sur mon propre chaos de ce Dit tumultueux d’un autre,
la douloureuse beauté de leur langue singulière et le télescopage quasi permanent de nos imaginaires…

Le trouble éprouvé alors …quels recours !
La littérature, dans toutes ses formes et contenus, l’écriture, et surtout la poésie
le sont devenus.
D’abord sans le savoir.
Jusqu’à ce qu’alors je le décide.
Croiser dans un même élan,
les récits de vie,
les temps d’existence partagé-e-s
la poésie,
et l’élaboration avec tous les modes que m offraient tous ces éléments.
Tenter chaque fois de faire de l’inextricable, de l’incompréhensible, une façon
d’Etre ensemble. Là. Dans l’existence.

« …Humaniser la folie,

Désaliéner les lieux de soins… » claironnait  François Tosquelles !

——————————————————————————————-

CHAQUE FOIS

Je t’écris.

Nous parlons.
Tu dis au téléphone
« Chaque fois que je reviens ici
je n’ai pas l’idée d’aller ailleurs. »

Tu entends ce que tu dis…

« Chaque fois que je reviens ici
je n’ai pas besoin d’aller ailleurs. »

La simplicité de l’énoncé,
sa transformation m’émeuvent.

Tellement en vérité avec ta vie actuelle !

Ni la simplicité,
ni la transformation
n’altèrent la puissance de ce que tu viens de dire…

Et nous en rions .
Nous rions de nous savoir là, de la justesse du moment,
de ce que çà ouvre.

Je repense à ce vers de Reverdy !
« La vie est grave. Il faut gravir. »

Une banalité, une lapalissade m’a t il été répondu un jour à
l’énoncé de ce très court vers.
C’est se priver
de l’horizon
du vital
de résistance
de lutte
d’exigence
de désir…
… offert par Reverdy dans ce dire que de ne pas l’entendre

L’idée d’aller ailleurs, le besoin d’aller ailleurs,
ou la non envie
comme tu le dis…oui.

Mais le « chaque fois »             dans ce qu’il dit de la
répétition comme une nécessité
ouvre peut être l’espace de voir
ce que la répétition génère.

Et aussi, il faut bien faire avec soi.
Sans les autres
s’ouvrir, se laisser entamer
et savoir qu’on est vivant, merde !

Souvent, ou quelques fois,
on répète parce qu’on ne sait pas.

Toi, il est possible que tu fasses
de l’ailleurs avec l’ici !…
Quelle merveille ! :
voyager au même endroit pour voir/revoir
user le détail
appréhender l’invisible
et ne pas échapper au réel…oh !

Une nouvelle ordonnance, du temps, de soi
dans cet espace temps,
de l’être ensemble et l’être seule.

Couple ardent
amour des héros à la folie
folie forte et douce et agile
pur sang noir.
Quel grand sabre courbe fera
jaillir des fleurs à ta joue ?
Cicatrices en oeillet.
F. Ponge.

A bientôt.
B.
B.G.